Les inventaires en
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Des historiens ont parlé de "l'image légendaire des inventaires". L'ampleur du mouvement fut en fait suggérée par la presse, surtout la catholique. C'est d'ailleurs, sans conteste, une preuve du caractère artificiel donné à certaines réactions, d'une déchristianisation déjà avancée. Les résultats des élections, avec une poussée des radicaux et des républicains, c'est à dire des maîtres-d'oeuvre de la loi, en seront un indice supplémentaire. Ils ne sont non seulement pas désavoués, mais sortent même largement renforcés de l'épreuve. Le Bloc gagne une soixantaine de sièges. La politique laïque est ainsi explicitement plébiscitée par le peuple.... et le "grandiose référendum" annoncé par la Croix du 20 mars en faveur de la réaction tourne à la déroute. C'est même vrai dans la réactionnaire ville de Nancy où le Frère Grillon, est élu. C'est le premier candidat radical-socialiste a sortir victorieux d'une élection législative en notre ville et il faudra attendre longtemps avant de voir un nouveau candidat de ce parti porté à la députation.

Le gouvernement ne peut ni ne veut céder aux factieux. D'une part, il n'accepte pas l'idée que la République capitule devant un souverain étranger (le pape), d'autre part il y voit un encouragement à la sédition. Le gouvernement a clairement identifié le caractère politique des troubles. Il indique que la loi sera appliquée avec fermeté. Briand le dit : "la loi restera ce qu'elle est en réalité, bien différente de ce que vous auriez voulu, elle restera une loi de tolérance et d'équité..." [...] " les braves gens s'apercevront, une fois le calme revenu que vous avez abusé de leur crédulité... ils comprendront que, dans tout ceci, il était moins question de religion que de politique"... "la loi sera exécutée avec modération et prudence, mais aussi sans faiblesse, avec circonspection, mais sans défaillance". Rapidement, l'agitation autour des inventaires allait se calmer. Dans l'ensemble, les populations se sont peu intéressées à ce problème et en sont restées largement à l'écart. Turinaz s'en plaint d'ailleurs explicitement. Mais là où un évêque, tel Turinaz pousse à la révolte et à la résistance, les choses se gâtent plus facilement.

Laissons pour conclure la parole à Charles Debierre qui déclare alors : "La lutte qui, dans l'éternel combat a mis face à face les ouvriers de la lumière et les complices de la nuit, n'est donc pas terminée. L'Eglise n'est pas morte, elle nous le fait bien sentir. A chaque recul du gouvernement, elle fait un pas en avant. Nous n'en viendrons à bout, il faut se résigner à le reconnaître, que par l'éducation rationaliste et civique de la nation. La République ne se débarrassera de l'Eglise, l'éternelle ennemie de la lumière et du progrès, qu'au fur et à mesure qu'elle chassera du for intérieur de ses enfants les obscures idoles que des siècles d'ignorance et de magie y ont sculptées". Il exprime ainsi parfaitement la conception maçonnique du rôle de l'Eglise dans la nation.