L'affaire DELSOL et le séparatisme - Page 3

Le 21 février, Pour la République annonce la mise en vente de cette brochure rédigée par Jean Grillon (11), par ailleurs Secrétaire de la Fédération républicaine de Meurthe et Moselle. Il engage très vivement ses lecteurs à répandre cette plaquette, le journal affirmant qu'il était nécessaire d'éclairer le public sur le sujet. Il reprend en outre les arguments essentiels articulés dans la brochure.

L'offensive se poursuit. Pour la République écrit : "Notre grand confrère, l'Etoile de l'Est, a affiché à sa vitrine les divers extraits tirés de l'œuvre de l'abbé Delsor. Cette révélation est cruelle aux nationalistes et aux réactionnaires..." Il attaque monsieur Gavet, professeur de droit à l'Université de Nancy venu protester auprès du journal contre l'affichage de ces documents. Et selon sa bonne habitude de journal satirique et polémique, il conclut : "...il est vrai qu'il n'est pas le seul et qu'un sérieux coup de balai s'impose pour pas mal de vieux cancres et demi-gâteux qui pervertissent les jeunes intelligences qui leur sont confiées".

Pour la République le 14 février 1904 évoque à nouveau l'affaire Delsor le 21 février il donne "quelques détails inédits de l'incident (sur) le ratichon allemand Delsor invité à venir conférencier à Lunéville par un nommé Haegely". On y apprend le nom de ceux qui devaient accueillir Delsor à Lunéville.

C'est bien entendu à Grillon que nous devons l'essentiel des informations sur l'ecclésiastique. "L'abbé Delsor, nous dit-il, curé de Marlenheim (Alsace), fut élu député au Reichstag allemand (arrondissement de Molsheim-Erstein) en 1898. Il fut réélu aux élections de 1903. Membre de la Landespartei, il s'est présenté aux électeurs avec le programme de ce parti... Nous copions dans le journal Le Lorrain, organe catholique, numéro 123, du samedi 30 mai 1903, la proclamation du comité central de la Landespartei en soulignant ce fait que les partisans de l'abbé Delsor ont toujours évité d'y faire allusion. Elle débute ainsi :

"A nos compatriotes d'Alsace-Lorraine :

Électeurs, la Landespartei d'Alsace-Lorraine fait pour la première fois son apparition sur l'arène. Le traité de Francfort a créé une situation politique sur le terrain de laquelle nous nous plaçons à l'effet d'obtenir pour notre pays la situation qui lui revient dans l'Empire allemand et les droits qu'on ne saurait plus lui dénier".

Pour lui, les choses sont claires : la Landespartei reconnaît explicitement le traité de Francfort, donc on ne peut plus parler de position protestataire. Il nous précise que cette déclaration est signée... Delsor ! Il va ensuite exposer les trois motifs qui ont contribué à la décision prise par le préfet Humbert.