Le sac de la Loge - Page 7

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Les procès engagés par la Loge

Le 25 mars, on apprend que la ville est assignée à comparaître le mercredi 28 mars, en référé, devant monsieur le président du tribunal civil de Nancy, puis quelques jours plus tard la nomination d'un expert, information reprise le 27 juillet par l'Est Républicain : "Nous apprenons qu'assignation vient d'être adressée à la ville de Nancy en paiement d'une somme de 2800 francs pour dégâts commis et d'une somme de 5000 francs pour dommages et intérêts en raison du sac de la Loge de Nancy... Dans la même livraison, il titre : "Un joli culot ! : Le citoyen Bernardin réclame à la municipalité nancéienne une indemnité pour le sac de la Loge. Très logiquement, monsieur le maire de Nancy et la municipalité répondront que le jour où est survenu cet événement plutôt désagréable (pour Bernardin et ses Frères s'entend), la police était sous les ordres exclusifs du Préfet ! Frère Bernardin, adressez-vous à monsieur Humbert ! Là est le salut, ô Très Cher Frère !"

Le Petit Antijuif de l'Est du 27 mars ironisera dans les mêmes termes sur le joli culot de Bernardin et annoncera la ligne de défense qui sera celle de la municipalité, savoir que la police avait été placé ce jour là sous les ordres exclusifs du préfet Humbert.

Quelques semaines plus tard se tient à Nancy le 26ème congrès des Loges de l'Est initialement prévu à Reims. En première page de la plaquette consacrée au compte-rendu des travaux figure "une reproduction de la plaque commémorative destinée à rappeler le sac de la Loge". Elle représente la meute cléricale, avec à sa tête un vicaire, procédant au saccage du Temple de la rue Drouin. Le texte, dont on imagine sans peine qu'il ait été inspiré par Bernardin, se passe également de tous commentaires :

"L'an 1906, le 13 mars, à l'heure ou la République assurait la conservation des biens des Eglises malgré les catholiques, ceux-ci, conduits par deux prêtres, ont violé, pillé, saccagé et tenté d'incendier la Loge Saint Jean de Jérusalem, Turinaz étant évêque et Beauchet maire de Nancy (12)".

Cette plaque sera posée sur le mur du temple, ainsi que nous l'apprend le journal Pour la République, et disparaîtra bien des années plus tard à l'occasion de travaux de ravalement du bâtiment. Pour la Loge, mais on le savait par ailleurs grâce au même journal, Beauchet est considéré comme un pilier de la gent cléricale. Le chanoine Hogard dans son ouvrage sur l'évêque Turinaz ne manque d'ailleurs pas une occasion de lui rendre hommage : "Monsieur Beauchet, maire de Nancy, dont l'intelligente administration et les traditions libérales étaient universellement appréciées..."

Epilogue

"Quelques mois plus tard", nous dit Pierre Barral dans un article consacré à la Franc-maçonnerie lorraine, "un prêtre, deux dames de la meilleure société et trois jeunes gens furent condamnés à des peines de prison et d'amende avec sursis. Mais les catholiques restèrent sûrs de leur bon droit et ils commémorèrent l'anniversaire du sac de la Loge par la représentation de deux pièces de combat, composées et jouées par de jeunes patriotes lorrains, L'initiation d'un Frère Trois Points et L'Inventaire à la Loge (13)".